Une question ? Un problème ?


Cécile : Stéphane et moi nous sommes rencontrés au lycée, vers l’âge de quinze ans. Nous sommes très complémentaires, autant dans nos caractères que dans nos objectifs. J’aime aller à la rencontre des gens, voyager, découvrir d’autres modes de vie pour enrichir le mien. Pendant nos études et durant les vacances scolaires, nous avons travaillé à l’Hôtel des Lices, à Saint-Tropez, que l’oncle et la tante de Stéphane développent depuis maintenant cinquante ans. C’est là que nous avons appris les bases du métier : accueillir les clients, prêter attention au moindre détail de leur confort, les écouter et anticiper leurs besoins. Très vite, nous avons compris que cette voie était faite pour nous.
Stéphane : Au départ, je me suis passionné pour la vigne, son exploitation, ses produits. Mes grands-parents et mes parents m’ont transmis l’amour de ce travail minutieux, empreint de patience. Mais je me suis vite rendu compte qu’une autre voie me correspondait peut-être davantage. Habile de mes mains et attiré par la construction, j’ai mené, dès ma jeunesse, plusieurs chantiers qui m’ont permis de découvrir les métiers du bâtiment. Quand je m’engage dans un projet, je vise l’excellence : je suis exigeant, d’abord avec moi-même, et aussi avec les équipes qui m’entourent.
C’est ainsi que l’hôtellerie s’est imposée naturellement, en réunissant à la fois la gestion de projets de transformation et de travaux, et une vision globale du lieu à faire vivre. Et puis, avec Cécile, nous voulions construire quelque chose ensemble. Dans ce métier, la réussite passe souvent par la complémentarité du couple — une évidence pour nous.



Cécile et Stéphane : Nous avons commencé cette aventure à deux, sans enfants, et, contre toute attente, ils sont venus embellir notre vie au fil du temps, comme un enchantement. Rien n’était vraiment prévu, et pourtant, les naissances se sont enchaînées avec une douce évidence. Au final, ce sont cinq enfants qui ont rejoint l’aventure familiale. Très tôt, ils ont été plongés dans notre univers, habitués à vivre au rythme de l’hôtel et à accompagner, chacun à sa manière, les évolutions de notre entreprise. À l’exception du petit dernier, encore trop jeune, ils ont tous travaillé dans nos établissements durant les saisons estivales. Aujourd’hui, nous formons un véritable clan de sept, en parfaite harmonie dans ce monde de l’hôtellerie, chacun contribuant à bâtir, ensemble, cet édifice commun qui nous unit.


Louis, notre aîné de 25 ans, poursuit actuellement un Master 2 à la Sorbonne Panthéon, spécialisé dans le management de l’hospitalité, en alternance. Il a intégré le pôle développement de la chaîne B&B Hotels, tout en continuant à partager son expérience chez VINCI Immobilier, où il avait précédemment effectué son stage de fin d’études au sein du pôle investissement hôtelier.
Après une carrière de 12 ans dans le ski de haut niveau, Louis a travaillé chaque été dans nos établissements, occupant différents postes, et a également réalisé un stage d’assistant de direction au prestigieux Château de Bagnols, un hôtel 5 étoiles du groupe Lavorel.
S’il ne travaille pas encore à plein temps avec nous, il y consacre déjà une partie de son temps quotidien. Sa connaissance approfondie de nos structures en fait déjà un conseiller précieux.
Édouard, 23 ans, est titulaire d’un double Bachelor en commerce international obtenu aux universités de Nottingham (GB) et de Valence (ESP). Après plusieurs stages en Private Equity à Paris, il a rejoint l’Université de Notre Dame aux États-Unis pour son Master en Finance. Il a ensuite intégré l’entreprise Goldman Sachs comme analyste financier, devenant ainsi le premier de nos enfants à entrer dans la vie professionnelle. Édouard est installé à New York et travaille au sommet d’une tour à Manhattan !
Joyeux et passionné, Édouard met à profit ses compétences et ses connaissances pour nous apporter une vision éclairée et des conseils précieux. Il a également effectué plusieurs saisons de jobs d’été à l’Hôtel des Remparts, une expérience formatrice qui a renforcé son goût pour l’hôtellerie et le travail en équipe.


Mathilde, 20 ans s’est familiarisée très tôt avec le monde de l’hôtellerie en participant, avant son baccalauréat, aux opérations de l’Hôtel des Remparts.
Après celui-ci, elle est partie un an en Australie, où elle a perfectionné son anglais en tant que fille au pair et effectué des extras dans des hôtels et restaurants.
À son retour, elle a travaillé comme employée d’accueil au Château de la Messardière, palace 5 étoiles à Saint-Tropez.
Elle poursuit désormais ses études en hôtellerie à l’École Vatel de Bordeaux.
Colomban et Adèle :
Adèle, 18 ans, se trouve actuellement en Australie où elle perfectionne son anglais. Elle y vit une première expérience enrichissante à la fois comme fille au pair et en travaillant dans des hôtels et restaurants. Pour l’instant, elle n’a pas encore défini précisément ce qu’elle souhaite faire par la suite.
Notre dernier garçon Colomban, 14 ans, lui aussi interne, est scolarisé en troisième dans un collège Toulousain.




Cécile :Nous sommes avant tout des bâtisseurs. Ce qui nous anime, c’est d’entreprendre, de créer, d’innover sans cesse pour offrir à nos clients un accueil sincère, un confort raffiné et des services pensés pour leur bien-être. Notre métier, c’est avant tout celui du plaisir partagé : celui de faire plaisir, en peaufinant chaque détail avec attention et exigence.
Stéphane : Nous avons toujours voulu nous démarquer des chaînes hôtelières standardisées, où l’accueil manque d’âme et de singularité. Ce que nous recherchons, c’est la proximité avec nos hôtes, l’échange, la compréhension de leurs envies pour pouvoir leur offrir une expérience sur mesure. Nos clients, nous les considérons un peu comme une extension de notre famille. Ils doivent se sentir chez eux, dans une chambre qui leur ressemble.


Stéphane : Tout a commencé avec un établissement modeste, au pied de la Cité de Carcassonne. Il était simple, un peu désuet, et ne correspondait plus aux attentes d’une clientèle en quête de confort et de charme. À 28 ans à peine, Cécile et moi décidons de nous lancer dans l’aventure : le transformer en un hôtel 4 étoiles, à la hauteur du site exceptionnel qui l’entoure.
Cécile : Tout était à revoir : l’agencement, les volumes, la décoration, les services… Nous avons entièrement repensé les espaces d’accueil, avec l’objectif de créer un lieu qui conjugue authenticité et modernité. Un appartement a vite été aménagé au sous-sol pour que nous puissions vivre sur place et nous consacrer à 100 % au projet.
À cette époque, nous avons endossé tous les rôles : réceptionnistes, décorateurs, gardiens de nuit, serveurs, ouvriers, agents d’entretien… Une immersion totale, exigeante, mais passionnante, qui a posé les fondations de tout ce que nous avons construit par la suite.
Stéphane : Dix années de travail auront été nécessaires pour faire naître l’Hôtel du Château, notre premier véritable établissement haut de gamme, situé juste au pied de la Cité de Carcassonne. Peu à peu, son annexe, située juste en face, prend son envol sous le nom d’Hôtel Montmorency et obtient ses trois étoiles. Deux lieux distincts, mais complémentaires, chacun avec sa propre identité.
Cécile : L’Hôtel du Château s’imprègne pleinement de l’esprit médiéval. L’architecture et la décoration s’inspirent directement du Moyen Âge : tentures murales, plafonds à caissons, murs de pierre, ferronnerie artisanale… Chaque élément a été pensé avec soin pour créer une atmosphère élégante et authentique. L’accueil se veut résolument à la française, subtil, chaleureux et toujours fidèle aux règles de l’art.
Stéphane : En 2010, une nouvelle étape s’ouvre avec l’acquisition de l’Hôtel de l’Octroi, un 2 étoiles situé lui aussi à deux pas de la Cité. Il comprend 17 chambres, en bon état mais au style un peu daté. Nous lui insufflons une nouvelle vie avec une rénovation contemporaine, tout en respectant l’âme du lieu. Un troisième univers voit ainsi le jour, élargissant notre offre tout en restant fidèle à notre vision de l’hospitalité.





Cécile : Une opportunité inattendue se présente : en l’espace de quatre mois, nous parvenons à acquérir quatre maisons voisines de l’Hôtel de l’Octroi. C’est l’occasion rêvée de l’agrandir et de lui offrir une toute nouvelle dimension. L’hôtel s’ouvre désormais sur un jardin, une vaste terrasse et une piscine. Il devient un lieu contemporain et vivant, niché juste sous les tours de la Cité Médiévale de Carcassonne.
Stéphane : L’investissement s’avère plus conséquent que prévu, mais nous décidons d’aller au bout de notre vision. Nous transformons l’ensemble en un espace lumineux, au design coloré, joyeux et accessible. Une décoration simple, chaleureuse, que l’on pourrait imaginer chez soi, à mi-chemin entre la Cité historique et la ville basse.
Cécile : Et comme souvent dans notre parcours, les opportunités s’enchaînent. Presque en parallèle, deux maisons mitoyennes de l’Hôtel Montmorency sont mises en vente. L’occasion de poursuivre notre développement et d’élargir notre offre dans cet établissement.
Stéphane : Nous décidons d’investir à nouveau, en prenant cette fois des risques plus importants. Pour la première fois, je confie le chantier à des entreprises extérieures. Cela me demande un suivi intense et mobilise toute mon énergie. Je dois me retirer temporairement de l’accueil des clients — un véritable crève-cœur pour moi.
Cécile : L’Hôtel Montmorency entre alors dans une nouvelle phase : nous lui offrons une identité plus contemporaine, un design coloré, audacieux et raffiné. Le tout en restant fidèle à notre philosophie : un lieu vivant, élégant et à taille humaine.
Cécile : L’écoute du client est au cœur de notre démarche. Dans nos trois hôtels carcassonnais, nous recrutons des équipes polyvalentes, capables de répondre à toutes les attentes, avec disponibilité et bienveillance. Qu’il s’agisse de l’accueil ou de l’entretien, ce sont près de 30 personnes qui œuvrent chaque jour pour anticiper les besoins de nos hôtes et leur offrir une expérience sans fausse note.
Stéphane : Être attentif, rassurer, répondre aux moindres désirs : nos équipes sont formées pour adopter les bons réflexes, quelle que soit la situation. Notre ambition, c’est un service fluide, naturel, toujours tourné vers la satisfaction du client.
Cécile : Nous attachons aussi une grande importance à l’énergie et à l’implication du personnel. L’hôtellerie est un métier exigeant, parfois éprouvant. Il faut pouvoir compter sur des collaborateurs dynamiques, engagés, capables de faire face aux imprévus. Et lorsque cela est nécessaire, nous faisons évoluer les équipes pour maintenir un niveau de service irréprochable.


L’exigence du bien-être : la naissance du spa
Stéphane : Avec le temps, les attentes de notre clientèle ont évolué. Une belle chambre, un accueil soigné, un service irréprochable — tout cela ne suffit plus. Il faut aller plus loin, surprendre, offrir une expérience globale.
En 2011, aucun spa n’existe encore à Carcassonne. Nous décidons alors de créer un espace de bien-être unique, niché au sous-sol de l’Hôtel du Château. Un lieu intimiste, entièrement privatisable, avec piscine, hammam, soins sur-mesure… Un véritable havre de paix, pensé pour la détente, la relaxation et le lâcher-prise.
Cécile : Pour garantir un service à la hauteur de nos exigences, nous formons quatre masseuses dans les établissements Carita, à Paris — une référence incontestée dans le domaine des soins et de l’esthétique. Ces praticiennes font partie intégrante de notre équipe, ce qui nous permet d’assurer une prise en charge haut de gamme, cohérente avec notre vision du service.
Nos clientes et clients, désormais fidèles, apprécient tout particulièrement l’atmosphère feutrée des cabines, la qualité des soins et l’expérience profondément ressourçante que propose cet espace privilégié.
Stéphane : Depuis 2010, la relation avec nos clients a profondément changé avec l’essor des plateformes de réservation en ligne. Pour eux, c’est un gain de temps évident : la recherche est simplifiée, l’offre est claire, les comparaisons (prix, confort, localisation, services) sont immédiates.
Mais pour nous, hôteliers, ces intermédiaires ont bouleversé la relation directe. Le contact en amont disparaît, la discussion préalable à la réservation s’efface, et avec elle une part essentielle de notre métier : l’écoute et le conseil personnalisés.
Cécile : La crise de 2008 a été un véritable déclencheur. Pour maintenir les taux de remplissage, une guerre des prix s’est installée. Les plateformes ont accentué cette pression, tout en prélevant leurs commissions pour garantir visibilité et référencement.
Résultat : les marges se réduisent drastiquement — parfois jusqu’à la moitié du prix d’une chambre — sur des tarifs déjà tirés vers le bas. Et dans ce contexte, la qualité de service que nous nous efforçons d’offrir devient difficile à maintenir financièrement.
Stéphane : Nous avons le sentiment de perdre le lien avec nos clients, de ne plus pouvoir expliquer ce qui fait la valeur de notre travail. Nos investissements, notre exigence de qualité, notre engagement quotidien deviennent presque invisibles aux yeux d’un public focalisé sur les prix. Et alors une question douloureuse se pose : pourrons-nous continuer à avancer ainsi, ou faudra-t-il faire des choix difficiles, comme réduire nos équipes ?





Dans les années 2014/2016, un sentiment de saturation s’est installé. Après avoir développé nos trois établissements avec passion, nous ressentions alors le besoin d’un nouveau souffle, d’un projet différent qui nous permette de retrouver l’élan du départ.
Les avis en ligne avait profondément modifié notre métier. Certains clients manifestaient leur mécontentement sans jamais nous en parler. Le dialogue disparaissait au profit du commentaire instantané. Le smartphone prenait le pas sur la relation humaine. Et lorsque les critiques sont injustes ou déconnectées de nos efforts, elles deviennent démotivantes — pour nous comme pour nos équipes. Dans ces conditions, il devenait difficile de continuer à se réinventer avec enthousiasme.
Cécile : Malgré cela, nous restions profondément attachés à ce qui faisait le cœur de notre métier : l’accueil personnalisé, la disponibilité, le goût du détail, et l’envie sincère d’apporter du bonheur à nos clients. Ce niveau d’exigence, ce luxe discret, a un prix. Et nous choisissions de maintenir nos tarifs pour garantir la qualité de notre offre.
Stéphane : Heureusement, le rapport aux plateformes évolue alors. Les clients sont de plus en plus nombreux à reconnaître la valeur des prestations et à lire entre les lignes. Nous apprenons à faire la part des choses, à prendre du recul sur les critiques, et à nous appuyer sur celles qui nous font progresser.
Mais le constat reste le même : il est temps pour nous d’ouvrir un nouveau chapitre, d’imaginer un lieu nouveau, à notre image.

Cécile : La famille a toujours été au centre de notre vie. C’est notre socle, notre repère. Et c’est naturellement vers elle que nous choisissons de revenir pour écrire un nouveau chapitre. Prendre le temps d’être ensemble, retrouver notre équilibre de couple, vivre en accord avec nos valeurs profondes… C’est là que nous souhaitons nous retrouver.
Stéphane : Ce que nous cherchons désormais, c’est un lieu authentique. De la pierre, du vécu, un bâtiment qui ait traversé le temps avec caractère. L’Hôtel des Remparts s’impose comme une évidence. Situé au cœur d’Aigues-Mortes, cité des Croisades, c’est le point de départ d’une nouvelle aventure. Un lieu de villégiature paisible, entre les remparts chargés d’histoire et les paysages lumineux de Camargue, pensé pour accueillir des familles venues goûter au calme, au soleil et à la douceur du Sud.
Cécile : À Carcassonne, nous avions le sentiment que la plupart de nos clients ne faisaient que passer. La ville est souvent une simple étape sur la route des vacances, entre la mer et l’Espagne. Beaucoup arrivent en sortant de l’autoroute, visitent la Cité à la hâte, et repartent aussitôt, pris dans les embouteillages de l’A9.
Dans ce rythme effréné, il est difficile de leur faire goûter à la parenthèse de calme et de confort que nous leur offrons. Ils ne prennent pas le temps, ou ne peuvent tout simplement pas le prendre.
Stéphane : À Aigues-Mortes, l’approche est toute autre. Ici, on vient pour rester. On s’installe, on savoure. Les vacances se vivent au rythme de la Camargue : lent, lumineux, profondément ancré dans la nature et les traditions.
On découvre les manades, la faune et la flore locales, les plages un peu à l’écart de l’agitation de Montpellier. On se laisse porter par les balades en bateau, les rencontres avec les artisans, les marchés, la musique en plein air… C’est un lieu où l’on prend le temps, tout simplement. Et cela change tout.




Cécile : À l’Hôtel des Remparts, la terrasse est le véritable point de départ du séjour. Dès les valises posées, on y savoure un cocktail préparé selon la recette secrète de Stéphane et des garçons. C’est le premier instant de déconnexion.
On pénètre ensuite dans les salons spacieux, sous de magnifiques voûtes de pierre, baignées par la lumière douce qui filtre à travers les hautes fenêtres. Et après une chaude journée d’été, la piscine intérieure devient un refuge intime, un lieu de ressourcement.
Stéphane : Ce bâtiment, chargé d’histoire, fut tour à tour caserne, gendarmerie et prison. Il a conservé son architecture puissante, avec de vastes volumes et des murs de pierre taillée. Les chambres, sobres et élégantes, allient confort moderne et charme intemporel. La hauteur sous plafond, les matériaux nobles et la simplicité des lignes en font un lieu à la fois authentique et raffiné.
Cécile : C’est un nouvel équilibre que nous cherchons à atteindre : marier la force et le caractère de la pierre avec la douceur et la sérénité d’un séjour confortable. L’Hôtel des Remparts doit être un lieu de quiétude, de convivialité, un refuge pour les familles, les amis ou les voyageurs d’affaires, en toute saison.
Stéphane : Lorsque nous avons repris l’hôtel en 2016, nous rêvions d’en faire ce lieu d’exception. Mais la réalité du bâtiment nous a vite ramenés à l’exigence des constructions anciennes. Ce fut un chantier difficile, éprouvant : rénover tout en respectant l’âme du lieu s’est révélé un véritable travail de titan, d’autant plus que le temps nous était compté.



Cécile : Nous visions une ouverture des chambres dès 2017, mais entre retards techniques et artisans peu constants, le calendrier et les budgets ont été mis à rude épreuve. Chaque imprévu compliquait un peu plus l’avancée des travaux.
Stéphane : Chaque jour, dès l’aube, je préparais personnellement le chantier : matériel, organisation, anticipation… Je profitais des pauses pour affiner les plans, revoir les détails, et mes journées se terminaient tard, en silence, pour ne pas déranger le voisinage. C’était intense, mais nécessaire.
Cécile : L’été 2017 marque l’ouverture — partielle. Seuls le bar et la terrasse sont prêts à accueillir les premiers clients. Mais cette courte saison est un vrai succès, et nous redonne espoir.
Stéphane : Et enfin, après 19 mois de travaux, l’Hôtel voit véritablement le jour. L’ancien bâtiment militaire renaît sous une nouvelle forme, prêt à accueillir ses hôtes. Et dans cette ouverture, c’est aussi notre famille qui retrouve un nouveau souffle, un nouvel équilibre. Nous habiterons sur place pendant 7 années!




Cécile : Cette maison, c’est un pan de notre histoire depuis que nous l’avons acquise en 2006. Nous y avons vécu tant de choses, vu grandir nos enfants, partagé d’innombrables moments en famille. Et puis, peu à peu, chacun a pris son envol. La maison s’est vidée… mais elle est restée pleine de souvenirs. Ce sont justement nos enfants qui, un jour, nous ont soufflé l’idée : « Et si on pouvait tous y revenir un jour, avec nos familles ? » C’était une évidence. Cette maison devait pouvoir les accueillir à nouveau, avec leurs compagnes, compagnons, leurs enfants à venir… Et en même temps, elle ne pouvait plus rester figée, à moitié vide, pour un couple désormais souvent en vadrouille. Il fallait lui donner une nouvelle destinée.
Stéphane : C’est ainsi qu’est né en 2023 le projet de transformation du Domaine de la Jasso. Situé à seulement 500 mètres du cœur de Carcassonne, ce lieu unique, bordé par l’Aude comme un rempart naturel, offre un calme absolu au milieu de neuf hectares de nature préservée. On y trouve des vignes, un parc arboré, notre mini-ferme… Un petit monde à part, bercé par le chant des oiseaux et baigné de soleil. Nous avons commencé à louer la maison à la semaine dès 2016, après notre départ pour Aigues-Mortes. Mais aujourd’hui, nous allons beaucoup plus loin. De grands travaux sont en cours pour étendre la surface habitable à 900 m². Le domaine comptera bientôt 11 chambres, 9 salles de bain, une piscine intérieure, deux piscines extérieures et un pool house.
Cécile : L’idée est de pouvoir accueillir jusqu’à 27 personnes dans un cadre à la fois chaleureux, élégant et profondément familial. En haute saison, le Domaine sera loué à la semaine, et en périodes plus calmes, il deviendra une maison d’hôtes. C’est une nouvelle aventure, dans un marché de la location courte durée en pleine croissance. Mais surtout, c’est une façon pour nous de continuer à faire vivre ce lieu, de l’ouvrir à d’autres, tout en restant profondément fidèle à ce qu’il a toujours été : un refuge, un lieu de retrouvailles, de repos et de partage.
Stéphane : L’ouverture a eu lieu en juin 2025, mais ce projet, aussi beau soit-il, ne s’est pas fait sans douleur. Nous y avons mis toute notre énergie, tout notre cœur — deux ans et demi de travaux colossaux qui nous ont littéralement épuisés. Trouver des entreprises fiables s’est révélé d’une complexité inimaginable. Les retards, les désistements, le manque d’implication… Il est devenu extrêmement difficile, en France aujourd’hui, de réunir des artisans disponibles, compétents et investis. Nous avons été confrontés à une réalité désolante : le système ne fonctionne plus, ou en tout cas, plus comme il le faudrait pour mener à bien des projets de cette envergure. Et pourtant, nous avons tenu bon. Parce que ce lieu le mérite. Parce que notre famille, nos futurs hôtes et nos rêves méritaient que l’on aille jusqu’au bout.


Quel sera notre avenir, notre nouvelle vie ?
Aujourd’hui, nous partageons notre temps entre le domaine de la Jasso et nos trois établissements de Carcassonne, mais aussi avec notre hôtel d’Aigues-Mortes, où nous avons posé une autre part de notre vie.
Nous ne savons pas encore si, ou lesquels de nos enfants choisiront un jour de travailler avec nous. Peut-être. Peut-être pas. L’avenir reste ouvert.
Ce que nous savons, c’est que nous avons été profondément affaiblis par la crise du COVID, qui a frappé notre secteur de plein fouet. Mais nous avons tenu bon. Nous avons résisté. Et aujourd’hui, nous avançons.
Le plus difficile, désormais, ce n’est pas l’envie — elle est intacte. C’est le financement. Dans notre métier, pour aller plus loin, il faut des moyens, et les trouver devient un défi permanent. Nous ne vivons que des fruits de notre travail.
L’hôtellerie est de plus en plus accaparée par des investisseurs, des fonds de pension… On spécule sur les hôtels comme sur n’importe quel actif financier. Ce n’est plus de l’hospitalité, c’est devenu un business.
Mais nous, nous ne travaillons pas pour gagner de l’argent. Nous travaillons parce que nous vivons à travers chaque lieu que nous créons. Ce qui nous anime, c’est l’idée, l’ambiance, la magie d’un nouvel endroit.
Cela dit, si on ne gagne rien, on coule. Et même si nous avons beaucoup de choses aujourd’hui, nous n’avons pas de marge de manœuvre. Chaque nouveau projet est un saut dans le vide, un quitte ou double. D’un jour à l’autre, tout peut basculer.
Aujourd’hui, nous ouvrons le Domaine de la Jasso à nos futurs hôtes… et nous ne savons même pas où nous irons dormir. La maison sera bientôt remplie de vacanciers, et nous, on improvisera, comme toujours.
Alors non, nous ne savons pas encore quelle sera la suite de notre vie. Mais une chose est certaine : l’envie de créer des lieux, d’imaginer des ambiances, d’inventer des hôtels qui ont une âme, est plus forte que jamais.
À suivre…


















































































































